As published on: Link to French version

Google Translation: Link to English version

Toutes les éditions de 24heures sur internet

VaudLa Bibliothèque cantonale universitaire a fait numériser votre quotidien depuis sa création, en 1762, jusqu’à 2001. Cette part du patrimoine vaudois est en accès libre.

Que s’est-il passé dans le canton et dans le monde le jour de votre naissance? La réponse se trouve dans les pages de 24 heures ou dans celles de la Feuille d’Avis de Lausanne. Et ce n’est qu’un petit exemple de ce que l’on peut tirer du nouvel outil mis en ligne aujourd’hui. Car l’ensemble des numéros de votre quotidien est désormais numérisé et disponible gratuitement sur une plate-forme internet.

Ce tour de force, la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne voulait le réaliser pour le 29 juin dernier, date du 250e anniversaire de 24 heures. Des difficultés techniques ont retardé le projet, qui s’ouvre officiellement un 7 décembre, date du plus ancien numéro conservé du journal. Quelque 1,2 million de pages sont disponibles, depuis les premiers numéros de l’ancêtre Annonces et avis divers, en 1762, en passant par la Feuille d’Avis de Lausanne, dès 1799, jusqu’à l’édition de 24 heures du 31 décembre 2001.

Lancer une recherche sur Scriptorium, c’est un peu comme découvrir la caverne d’Ali Baba. Il suffit de taper un mot pour le retrouver dans les pages historiques du journal. L’expérience est bluffante. La page concernée s’ouvre, les termes recherchés sont surlignés. Et puis, d’un roulement de molette sur la souris, on accède à l’ensemble de l’édition. Cette projection dans le passé se révèle savoureuse et se déroule dans une fluidité étonnante. Mais ce n’est pas tout. La nouvelle plate-forme permet également d’extraire les documents choisis.

Influence de Google
Tout n’est pas encore parfait, mais le moteur de recherche évoque l’efficacité de Google. La référence n’est pas un hasard. En 2007, la BCU avait lancé la numérisation de 100 000 ouvrages anciens dans un partenariat avec le géant d’internet. Ceux-ci sont désormais accessibles en ligne.

Pour la bibliothèque, cette première expérience a permis de mettre le pied à l’étrier du numérique. «J’apprécie la philosophie de Google, qui veut que tout soit accessible au plus grand nombre», confie Silvio Corsini, conservateur de la Réserve précieuse de la BCU. Il estime par ailleurs que, à l’avenir, «tout ce qui ne sera pas en ligne n’existera simplement plus pour la plupart des gens».

Mais ce n’est pas Google qui a numérisé l’histoire de 24 heures. L’affaire a été confiée à Assy SA, à Ecublens, au terme d’un appel d’offres. Page après page, les milliers d’éditions du journal ont tourné sous le scanner de l’entreprise. Un défi technique qui a dû se réaliser en deux temps en raison de l’apparition de la couleur, à partir de 1958. «Le supplément du 30 juillet 1955, consacré à la Fête des Vignerons, était lui aussi en couleurs», remarque Silvio Corsini. Numérisé en noir et blanc, il devra être à nouveau scanné.

Ce n’est pas la seule lacune de cette opération. Certains numéros très anciens manquent à l’appel, entre 1762 et 1810. Le conservateur ose espérer que le public pourra lui permettre de compléter la collection. Pour le reste, une grande part de ce trésor culturel est le fruit d’un don d’Edipresse qui, avant son rachat par le zurichois Tamedia, a cédé sa collection aux Archives cantonales vaudoises. Les Archives de la Ville de Lausanne ont également été mises à contribution. Pour le financement de cette vaste opération, la BCU a pu compter sur le soutien de la Confédération qui, à travers la Bibliothèque nationale, a pris à sa charge 20% des frais, qui se montent à plusieurs centaines de milliers de francs.

Un «miroir» du canton
Mais à quoi bon cette débauche d’énergie, puisque les versions papier demeurent ouvertes à la consultation? Pour Silvio Corsini, il s’agit notamment de préserver ces archives des manipulations. Le papier journal ne vieillit pas bien. Mais surtout, la recherche en ligne offre une efficacité que personne n’atteint en feuilletant de vieux exemplaires. «Cela ouvre la porte à bien des recherches universitaires», illustre le conservateur.

Comment l’image du général Guisan a évolué dans le temps? Parcourir les décennies au travers des articles de presse permet de s’en rendre compte. Sans prétentions scientifiques, les médias illustrent la perception du monde à un moment donné. «Le journal est un miroir du pays, une source incroyable de renseignements sur la vie culturelle, économique et politique du canton, estime Silvio Corsini. Même les publicités sont intéressantes.»

Le Matin et d’autres suivront
Avec le temps, la bibliothèque compte bien mettre à disposition les numéros de 24 heures allant au-delà de 2001. Mais pas seulement. L’an prochain, Le Matin sera lui aussi disponible à la consultation, ainsi que ses ancêtres La Tribune et L’Estafette. Le travail de numérisation est déjà fait.

L’institution ne compte pas en rester là. De la presse politique aux journaux satiriques: des milliers de pages témoignant de l’histoire vaudoise pourraient encore être scannées. Et puis une application mobile pour les tablettes numériques est en préparation.

«C’est un énorme chantier, mais cela vaut le coup d’investir pour un tel projet», assure Silvio Corsini. Son prochain challenge consistera d’ailleurs à convaincre les politiques de l’utilité d’un tel investissement. Les coûts de fonctionnement induits par la mise en ligne de millions de pages pourraient les faire hésiter. Mais peut-être se laisseront-ils séduire en feuilletant l’histoire telle que décrite par 24 heures au fil des siècles. (24 heures)

Créé: 07.12.2012, 06h59